par Patrik FRAYSSE, juillet 2000
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Bibliographie sommaire ~
Images de la ville ~
Monographies
Dominant la vallée de la Lède, au Nord-est du
Lot-et-Garonne, la bastide de Monflanquin fondée en 1256, a conservé la
distribution régulière de son découpage parcellaire originel et un maillage
de voies orthogonal. Même si de nombreux remaniements sont venus pertuber le
bâti médiéval, les maisons des XIIIe, XIVe et XVe siècles constituent encore
une grande partie de l'architecture de Monflanquin.
Le programme architectural des maisons de Monflanquin
est conforme à la description faite par Pierre Garrigou Grandchamp dans son
ouvrage sur la demeure urbaine. C'est également celui des maisons des
bastides du haut Agenais et du Sud Périgord. Ce sont des maisons
polyvalentes, très répandues en France, alliant logement et locaux de
travail. Le rez-de-chaussée et la cave qui en dépend sont dévolus aux
activités professionnelles et d'échange qui demandent un contact avec la rue
(la présence de la cave est d'ailleurs déterminante pour confirmer
l'ancienneté de la maison). L'étage, qui concentre les aménagements
domestiques, est destiné au logis avec, pour les maisons situées sur la
place des arcades, une séparation nette entre les deux niveaux puisque
l'étage est accessible directement de la rue sans passer par l'intérieur du
rez-de-chaussée grâce aux portes, ouvertes dans les piliers des arcades.
Bibliographie sommaire
- CALMETTES, Claude. La bastide de Monflanquin,
historique, structures et propositions. Etude dactylographiée pour la
Direction de l'Architecture. Paris : 1985.
- CALMETTES, Claude, Le bâti ancien en bastide, Paris,
EDF - CEB, 1986, 134 p. ill.
- CALMETTES, Quitterie. Monflanquin, le devenir d'une bastide.
Maîtrise d'ethnologie. Paris : Université de Paris VII Jussieu, 1986.
- FRANCHOMME, Claude. La bastide de Monflanquin au moyen âge. DES
d'histoire (dactilographié). Dijon : Université de Dijon, 1959. 30 p. ill.
- FRAYSSE, Patrick. "Maisons médiévales à Monflanquin", Revue de
l'Agenais, Oct-déc. 1995, p. 329-348.
- FRAYSSE, Patrick & SZEPERTYSKI, Béatrice. Maisons médiévales à
Monflanquin, prospection-inventaire. Datation par dendrochronologie des
maisons à pans de bois. Rapport (dactylographié) pour le Service
Régional de l'Archéologie (DRAC Aquitaine). Bordeaux, 1995. 150 p. ill.
- FRAYSSE, Patrick & SZEPERTYSKI, Béatrice. "Approche de l'architecture
médiévale, Monflanquin et la dendrochronologie", Les cahiers du CEB
n°3 (1996), 1997, p. 5-24.
- FRAYSSE, Patrick. Inventaire des maisons médiévales de la bastide de
Monflanquin (Lot-et-Garonne). DEA d'histoire de l'art (dactilographié).
Toulouse : Université de Toulouse-Le Mirail, 1998. 115 p. ill.
- FRAYSSE, Patrick. "Monflanquin, maisons de bastide", Le Festin n°
31-32, automne 1999, p. 50-54.
- ODO, Georges. "Monflanquin "Bastide Alphonsine-Type" du Haut Agenais",
Revue de l'Agenais. Oct-déc. 1995, p. 305-328.
Images de la ville
DESCRIPTIONS
de quelques maisons des XIIIe, XIVe et XVe
siècles de Monflanquin :
Rue Sainte-Marie, n° 11 (Cadastre 1981, parcelle Ao 206)
Située sur le moulon de l'église Saint-André, cette
maison occupe l'angle de la rue Sainte-Marie et de la rue des Arcades.
C'est une maison rectangulaire, massive qui occupe toute la parcelle. Au
rez-de-chaussée de la façade ouest, deux arcades brisées ouvraient sur la
rue Sainte-Marie (elles sont actuellement comblées) : une grande pour une
boutique et une petite qui pouvait servir de porte. Le 1er étage était
éclairé par une baie géminée. Il est probable que la deuxième ouverture ait
été, à l'origine, identique à la première. Au rez-de-chaussée de la façade
sud, une grande arcade brisée et une plus étroite sont encore perceptibles.
Cette façade a été très remaniée. Il est cependant possible de discerner les
traces d'une baie géminée. L'ensemble peut être daté de la deuxième moitié
du XIIIe siècle.

Rue de l'Union, n° 7 (Cadastre 1981, parcelle Ao 420)
Située à l'ouest de la bastide, la maison occupe une
parcelle d'angle dans la partie arrière de l'îlot ouest de la place des
arcades. La maison, à un corps de bâtiment, ouvre au sud sur la rue de
l'Union, appelée dans le registre d'arpentement de 1749 "rue traversière de
la porte de Roquefère à la porte Saint-André". La parcelle occupe la moitié
de la largeur de l'îlot et s'enfonce sur quinze mètres le long du carrérot
des Crugiers. Elle est entièrement bâtie, il n'y a pas de cour ou de puits
de jour. La maison s'appuie à une maison semblable qui se développe elle
aussi, sur une parcelle d'angle identique. La façade sud sur la rue de
l'Union, conserve intacte les deux grandes arcades médiévales du
rez-de-chaussée qui ouvrent largement sur la rue de l'Union. La maçonnerie
de la maison est en pierre de taille en moyen appareil. La structure du
rez-de-chaussée, telle qu'on la devine sur la façade, semble indiquer qu'il
s'agit bien d'une maison à boutiques. La présence d'une cave surhaussée
explique le surélèvement du rez-de-chaussée et les marches devant la porte.
Les deux petits jours rectangulaires, aux rebords chanfreinés permettaient
d'éclairer les boutiques par la lumière du jour. Derrière la porte latérale,
un escalier permettait d'accéder à l'étage.
Datation : Trois grosses poutres dépassent assez largement de la
toiture (30 cm) et reposent directement sur les murs de la façade sud et sur
le mur de refend. La datation par dendrochronologie de cette poutre a donné
le milieu du XIIIe siècle, ce qui semble bien correspondre au style des
arcades de boutique du rez-de-chaussée.

Place des arcades, n° 15, (Cadastre
1981, parcelle Ao 204)
Immeuble (façades, couverture et salle de
conférences) inscrit à l'inventaire supplémentaire des Monuments Historiques
depuis le 16 février 1951.
Située sur une parcelle d'angle, du côté Nord-Est de
la place, à l'intersection de la rue Sainte-Marie et de la rue des arcades,
cette maison est appelée "maison du Prince Noir" depuis le milieu du XXe
siècle. Elle occupe la totalité de la parcelle, l'arrière donnant, à
l'origine, sur un carrérot qui le séparait de l'entrée du cimetière.
Aujourd'hui l'arrière donne sur un jardin. Son couvert, voûté d'ogives
s'ouvre sur la place et enjambe la rue des arcades. La façade Sud, sur la
place est composée de trois niveaux (un rez-de-chaussée et deux étages
carrés) et de deux travées. Elle est ajourée au rez-de-chaussée d'une grande
arcade brisée (le couvert) et au premier étage de deux baies en arc brisé,
soulignées à leur base d'un larmier (le remplage de ces baies est une
reconstitution récente). Le deuxième étage forme un troisième niveau qui
était lui aussi souligné d'un bandeau horizontal et semble avoir été arasé
et percé d'une fenêtre moderne.
Place des arcades, n° 33 (Cadastre 1981, parcelle
Ao 329).
Située au coin sud/est de la place des arcades, à
l'angle de la rue Sainte Marie et de la rue de l'Union. Son couvert
surplombe cette dernière. La disposition de sa parcelle est différente de
celle des autres maisons sur la place. Sur parcelle d'angle, le rectangle ne
s'étire pas dans un axe Nord / Sud mais Est / Ouest. Cette disposition
particulière est certainement due à un réaménageant puisque la maison
s'élève sur deux modules initiaux quand on la regarde depuis la place. C'est
une maison à deux façades à pans de bois. Le couvert est porté par trois
poutres qui reposent sur des piliers ou des colonnes de pierre. Les arcades
du couvert sont donc formées des sablières basses du pan de bois. Le premier
étage est ajouré de trois baies rectangulaires de différents gabarits. Le
deuxième étage est également ouvert par trois fenêtres, plus étroites que
celles du premier étage et surtout décalées par rapport à celles-ci. Une
grande croix de Saint-André souligne le centre de la composition au premier
étage et contribue à la solidité de la structure. La sablière de chambrée
est pourvue d'une moulure dans sa partie supérieure. La façade est, rue
Sainte Marie est une façade à pan de bois classique avec de légers
encorbellements aux deuxième et troisième niveaux. Au rez-de-chaussée, une
poutre formant sablière porte une série de douze solives, elles-mêmes
surmontées de la sablière de plancher du premier étage. Celui-ci est ajouré
de deux baies rectangulaires, une grande et une plus petite. Cette dernière
a été percée plus tardivement et a remplacé celle d'origine qui se trouvait
sur la gauche, au-dessus de la petite croix de Saint-André. Cette dernière
était probablement pourvue d'un croisillon. La grande fenêtre, également
déplacée sur la droite devait avoir un meneau et des croisillons. Des
petites croix de Saint-André soulignent les emplacements initiaux de ces
baies. Ces déplacements de fenêtres en façade témoignent de la flexibilité
de cette architecture en pan de bois et de la facilité de transformation des
volumes intérieurs par déplacement des cloisons.
Datation des bois par dendrochronologie (par
Béatrice SZEPERTYSKI, L.A.E. Bordeaux) : Quatre échantillons ont été
prélevés sur la façade Nord : la sablière de plancher, la 1ère et la 2è
solive formant encorbellement ainsi que le poteau cornier faisant angle avec
la façade Est. Deux poutres des couverts ont également été prélevées ainsi
que le pilier supportant la troisième poutre. L'ensemble de ces sept
échantillons ont été datés. La sablière moulurée, en façade et le poteau
cornier sont datés respectivement de 1419 et 1414. Il s'agit soit de traces
d'une construction de la première moitié du XVe siècle, soit les bois sont
des réutilisations. Ces bois de la première moitié du XVe siècle se situent
en façade, sur la place. Il faut également savoir que la sablière de la
maison voisine (rue Sainte-Marie) est également datée de la première moitié
du XVe siècle (1409-1459). Les autres bois prélevés sur cette maison
proviennent d'arbres abattus entre 1459 et 1481, de ce fait, deux périodes
chronologiques se dégagent. Il est donc très délicat de trancher. Nous
avancerons tout de même l'hypothèse selon laquelle il s'agit d'une
construction de la première moitié du XVe siècle (vers 1420), qui aurait été
reprise dans la seconde moitié du XVe siècle (1460 - 1470), ce
qui correspond à la période de reconstruction en France après les
destructions de la guerre de Cent Ans. Quoi qu'il en soit, la disposition de
la maison sur une parcelle modifiée par rapport aux parcelles d'origine
confirme cette période du XVe siècle.
Bibliographie : FRAYSSE, Patrick &
SZEPERTYSKI, Béatrice. "Approche de l'architecture médiévale, Monflanquin et
la dendrochronologie", Les cahiers du CEB n° 3 (1996), 1997, p.
5-24.

Place des arcades, n° 51 (Cadastre 1981, parcelle
Ao 461)
La façade sur la place est ouverte d'une arcade
brisée encadrée par deux lancettes trilobées au rez-de-chaussée et d'une
fenêtre à croisée à l'étage.

Rue des arcades, n° 9 (Cadastre 1981, parcelle Ao
468)
Maison d'angle avec les deux façades à pan de bois.
Rez-de-chaussée en pierre, premier étage en pan de bois et hourdis en
brique, deuxième étage en pan de bois et hourdis en torchis. Latrines et
évier. Deux entraits dans les combles et la sablière de chambrée du deuxième
étage ont été datés du début du XVIe siècle.

Rue & Place des arcades, n° 17 (Cadastre 1981,
parcelle Ao 215)
Maison en pierre fortement restaurée au XIXe
siècle. Une façade, le long de la rue des arcades est pourvue d'un pan de
bois avec deux baies à croisées et un colombage en losange. Deux des trois
poutres qui soutiennent le couvert ont été datées de la première moitié du
XVe siècle.

Rue de l'Union, n° 28-30 (Cadastre 1981,
parcelles Ao 288 & 291)
Rue de l'Union, n° 12-14-16 (Cadastre 1981, parcelles Ao 423, 424 & 458)
Maisons à pan de bois datées de la deuxième moitié du
XVe siècle.
Rue Saint-Nicolas n° 29 (Cadastre 1981, parcelle
Ao 268)
Seule la façade antérieure de cette maison médiévale
a été conservée au moment de la construction, à cet emplacement, d'une école
maternelle, au début des années 1980. C'est la plus excentrée des maisons
ayant conservé des traces du Moyen Âge. Elle est située au bas de la rue
Saint-Nicolas. La façade antérieure a été remaniée au XIXe siècle, lorsque
cette maison fut utilisée pour abriter un hospice, tenu par des religieuses.
C'est ce qui explique la présence de ce portail d'église à ébrasement,
cantonné de deux lancettes trilobées, et du clocher qui surmonte la façade.
Sur la gauche de la façade, une porte a été murée et il encore possible
d'observer, du côté droit, le départ d'une arcade de boutique. Le premier
étage est complètement aveugle aujourd'hui. Deux baies géminées avec
chapiteaux et colonnettes ont été murées. C'est une maison polyvalente de la
deuxième moitié du XIIIe siècle.