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MONFLANQUIN
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bastide alphonsine,
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Place centrale et
ses cornières.
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- monflanquin
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le
Patrimoine
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Temple protestant.
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visite de la bastide
Monflanquin en flânant
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Météo
- m
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- le carrerot
- des
- Augustins
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- Dans une étude précédente (1) il est apparu que la Bastide de Monflanquin se
caractérise par quelques données permanentes telles que le plan orthogonal, la place des
Arcades, les rues ...
En effet, dès l'origine, les bâtisseurs ont distingué les rues maîtresses ou
rues charretières que sont toujours les rues Saint-Pierre et Sainte-Marie, les rues
communes ou secondaires comme la rue des Vignes, enfin les ruettes ou carrerots à
l'exemple du carrérot des Augustins qui a son histoire, son architecture, sa place dans
l'urbanisme de la Bastide.
X X
X
Ce "carrérot" - petite rue en langue d'oc - parallèle à la rue Ste
Marie et à la rue St Nicolas, va de la rue de la Paix au Sud à la rue des Arcades au
Nord. Il délimite deux quartiers ou "carrierats", notion toujours importante en
matière fiscale et, à l'occasion, électorale.
Comme dans toutes les Bastides, ce carrérot, large de I à 2 mètres,
est essentiellement une rue piétonne à l'abri des fortes chaleurs toute une partie de
l'année et des vents dominants. Passage privilégié pour les riverains qu'ont pu être
les Augustins, d'abord pour aller et venir de leur chapelle (sur le plan: Ch) aux
logements du couvent (sur le plan : L) ensuite pour se rendre à
l'église Sainte Marie.
La présence de ces Augustins est mentionnée à
Monflanquin, dès 1333, dans le testament d'Anne de GRAILLY qui laisse un legs de
dix livres aux "frateis Augustinorum de Monflanquino". Puis un acte,
signé en 1353 devant notaire, confirme l'existence de leur couvent en plein
fonctionnement. (2).
Ce "monastère de Saint Augustin estoit lors assis hors la ville, sur le
descendant de la montagne... Vingt religieux pouvaient loger commodément dans l'estendüe
de ses dortoirs..." Il est possible d'avancer l'hypothèse de l'emplacement de
ce couvent vers le chemin des Facheries au Sud-Ouest de la ville.
Au moment de la réforme, en 1554, le frère GUILLAUME PIERRE, convaincu d'hérésie pour
avoir prêché à Villeneuve sur des propositions hétérodoxes, deux ans auparavant, est
brûlé à Bordeaux en exécution d'un arrêt du Parlement. Cependant tous les pères
Augustins de la ville n'étaient point passés à la Réforme puisqu'en 1569, lors d'un
des épisodes des Guerres de Religions, leur couvent est brûlé.
Les conventuels, après de vains efforts pendant de longues années pour le reconstruire,
vont s'installer en ville. En 1624, un obit permet l'achat de "la maison de
Monsieur FILIOL qui est celle sur laquelle est bâti le couvent" (3). Couvent
installé de part et d'autre du carrérot avec d'une part la chapelle - devenue en 1806 le
Temple protestant (4) - et les locaux d'hébergement - et d'aute part l'actuelle maison du
Troisième Age.
Dès lors ce carrerot est doublement marqué par la présence des Augustins : quand ils le
traversent pour se rendre à la chapelle et quand ils l'empruntent pour rejoindre
l'Église Sainte Marie, comme le veut la tradition orale.
Ainsi, les Augustins déjà fortement ancrés à Monflanquin dès 1333 vont être, à
partir de 1624, encore plus intimement mêlés à la vie de la ville, et ce jusqu'en 1790.
* *
*
- Architecture :
- les
- pontets
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Remonter le carrerot des Augustins c'est donc aller à la rencontre d'une longue période
de l'histoire monflanquinoise.
La prise de contact avec le carrérot en arrivant par la rue de la Paix, se fait en
passant sous un pontet (dessin A) dont la caractéristique est d'associer bois et briques,
ce matériau pauvre mais d'une grande souplesse d'utilisation (5). Le tout repose sur deux
grosses poutres, non masquées par une voûte, ce qui donne une allure rectiligne à
l'ensemble.
A l'autre extrémité, au débouché de la rue de l'Union, on retrouve aussi un pontet. Ce
qui laisse à penser que ce type de solution architecturale était volontiers retenu entre
maisons placées à l'angle des carrérots et des rues secondaires, pour
opérer un
alignement des façades.
Hypothèse que conforte le pontet, en vis à vis, de l'autre côté de la rue de l'Union.
Ces deux pontets ont également en commun d'avoir une arche plein cintre qui masque les
poutres maîtresses, contrairement au premier pontet sur la rue de la Paix. Ce qui doit
attirer l'attention sur l'existence de deux types majeurs de réalisation: l'une à
dominante rectiligne et l'autre curviligne, liées au poids des matériaux à supporter,
l'arche apparaissant avec le bâti lourd composé de pierres.
Il faut remarquer au passage que ce pontet par lequel on aborde la partie haute du
carrérot se distingue par sa façade de pierres et son bâti arrière fait par contre de
colombages en bois (dessin B) combles avec du torchis; matériau longtemps utilisé sur le
plan local. Et si le devant en pierre repose sur une voûte, l'arrière est uniquement sur
une poutre maîtresse avec une charge moindre.
Quelques mètres plus loin, en position médiane de cette partie haute du carrérot -
comprise entre la rue de l'Union et la rue des Arcades - un nouveau pontet voûté puisque
fait de pierres. La pierre, matériau riche, socialement représentatif dans la mesure
où, ici, se situent les maisons ayant pignon sur la place des Arcades, haut lieu de la
bourgeoisie pendant des siècles.
Cette impression de richesse se confirme avec les fenêtres qui s'ouvrent sur chacune des
façades du pontet en question.
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- Sur la façade Sud (dessin C) une fenêtre à meneaux : montants et traverses de
pierres subdivisent en plusieurs parties la fenêtre de style renaissance.
- Sur la façade Nord (dessin D) par contre,une fenêtre plus étroite que la
précédente et dont le linteau présente une forme trilobée, à forte influence
gothique.
- Une fois arrivé à la rue des Arcades, en passant à nouveau sous un pontet, il
s'avère que le carrérot ne se prolonge pas directement vers l'église; il a été tracé
quelques mètres vers l'ouest, plus près de la rue Sainte Marie. Déplacement lié,
certainement, à l'histoire de cette église qui a subi des empiètements au cours du
XVII°.
Emplacement, matériaux, formes de ces pontets sont autant de références à des choix
architecturaux, selon les époques et surtout selon les moyens.
- X X
X
- urbanisme : Maisons et Andronnes
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Les maisons qui bordent ce carrérot sont les mêmes qui donnent sur la rue Sainte
Marie puis sur la place des Arcades. C'est à dire que ce sont des maisons ayant respecté
le parcellaire d'origine.
Il est loisible, en effet, de voir que le carrérot des Augustins et la rue Sainte Marie
délimitent un rectangle - de IIO m x 25m - prolongé par le rectangle longeant la place
des Arcades - de 55 m x 25m - et qu'à l'intérieur de cet espace les maisons ont reçu 25
m x 7,90. Ce qui explique l'étroitesse des maisons qui se succèdent tout au long du
Carrerot, le Temple lui-même n'échappant pas à cette disposition.
Le Temple - ex chapelle des Augustins - est exemplaire à un autre titre. A savoir la
complexité parfois des remaniements opérés au cours des âges dans les maisons et dont
les murs gardent le témoignage, délicat à décrypter.
En effet entre le Temple et le Foyer du Troisième Age actuels, deux arches enjambent le
carrérot, vestige d'un pontet disparu aujourd'hui, mais dont l'existence est confirmée
par les "traces" à hauteur du premier étage d'une porte sur le mur du Temple.
Ce qui nous ramène à 1624 quand les Augustins ont racheté la maison de Monsieur Filiol
dont ils ont, semble-t-il, conservé les murs extérieurs. Avec toutes les marques dues
aux modifications successives depuis l'origine jusqu'en 1624, sans oublier les
transformations nécessaires à la vie d'un atelier sous la Révolution, que semble
rappeler une autre porte au rez de chaussée.
Moins
complexes sont les portes voûtées dont toute une série s'ouvre sur le carrérot Mais il
faut souligner que les plus belles, encore une fois, sont les plus proches de la place des
Arcades.
Ainsi, sous le pontet qui donne sur la rue de l'Union en arrivant de la rue de la
Paix il y a sur la gauche une porte dont l'arc est légèrement brisé, entièrement
condamnée et crépie, si ce n'est un petit fenestron conservé pour donner de la lumière
à la pièce intérieure, (dessin E).
Puis, dans la partie haute du carrérot entre la rue de l'Union et celle des Arcades, deux
portes voûtées :
* l'une, à droite, conservée intégralement avec de vieux battants (dessin F),
- *
l'autre, à gauche, en partie comblée au profit d'une porte plus réduite (dessin
G)
Portes dont les arcs vont du légèrement brisé, rappelant le gothique,
au plein
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cintre de type renaissance.
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- Signe des Temps. Le carrérot est tombé en désuétude; les activités économiques -
artisanat et commerce - ont disparu et ces portes où pouvaient être installés des
bancs, c'est à dire des étales, se sont peu à peu fermées et ont perdu de leur lustre,
de leur esthétique.
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- Les fenêtres de ces maisons complètent le dispositif et ajoutent à la difficulté de
compréhension sur le plan historique. Certaines ont un cachet du XIV' siècle, d'autres
sont plus récentes, certaines gardent la marque de modifications, beaucoup sont
condamnées comme pour confirmer que la vie s'est détournée du carrerot.
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- Car le carrérot intégré à la vie quotidienne de la Bastide sous-tendait la conception
d'origine. Ce qui rend rationnel le plan d'ensemble de la ville, et les carrérots, encore
aujourd'hui... à condition de ne pas s'en détourner.
Un autre élément de l'urbanisme du Moyen Age apparaît dans le carrerot : les andronnes
(6).
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- Si l'on s'en tient à la définition du très officielle - du Vocabulaire de
l'Architecture de MORTET - l'andronne, assimilée à la venelle (étroit espace libre
compris entre deux murs séparatifs sur la ligne de partage de deux fonds) relève de la
mitoyenneté... Bien qu'il n'y ait pas continuité, ce qui est probablement un héritage
du droit romain.
Ces andronnes - de 25 à 50 cm de large - ont été conçues pour l'écoulement des eaux
pluviales et ménagères, voire les latrines. Elles permettent aussi, par le vide entre
les immeubles de maintenir un tampon neutre assurant la circulation d'air nécessaire à
la salubrité des murs, qu'ils soient de pierre ou de pisé.
L'hypothèse de l'existence de ces andronnes par crainte d'incendie propagé paraît
hasardeuse en raison de l'étroitesse de ces andronnes, difficilement accessibles de
surcroît.
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X X
X
Le carrérot des Augustins est à coup sûr à Monflanquin l'exemple le plus
caractéristique de ce type de ruettes avec ses dimensions, ses pontets, ses portes et
fenêtres, ses andronnes.
Mais il est, en même temps, exemplaire de leur évolution dans le tissu urbain de la
Bastide :
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- Longtemps riche de ses activités quotidiennes et donc fréquenté il est
progressivement tombé en déshérence économique avec une perte d'intérêt aux yeux de
la communauté d'où les empiètements possibles des riverains.
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- Aujourd'hui, un intérêt récent se manifeste avec la prise de conscience de la
nécessité de préserver et faire vivre le modèle d'urbanisme que représente la
Bastide, avec en même temps le souci de résoudre le problème crucial de : Tradition et
Modernité.
Ne serait-ce que pour ces raison, le carrérot des Augustins mérite bien le détour.
-
Georges ODO
- SLA 1990 n° 300
- BIBLIOGRAPHIE:
I.- " La rue au Moyen Age à Monflanquin" - ODO G. Sous les Arcades
294/295
2.- " Les anciens couvents d'Augustins "- PEROTIN Y. Revue de l'Agenais
1956 p. 185
3.- Archives départementales Agen - H.3.
4.- " Le temple de Monflanquin " - ODO G.Sous les Arcades 267/268 -1988
5.- " Le bâti ancien en Bastide " - Etude EDF/ CeB
6.- " Andronnes " - Enquête de M. KERVEILLANT, de Bergerac : 26.09.1982
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