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    Eglise
    de
    Laurenque. .
     

    wpe12B.jpg (17442 octets)

     
    La vallée de la Lède réserve des surprises agréables tout au long de son parcours et l'église de Laurenque, perchée au dessus de Gavaudun, n'en est pas la moindre.
     
    L'abbé Barrère (1) au XIX° siècle la citait comme l'une des plus remarquables du département, en raison surtout de ses sculptures.....Quelques années plus tard Tholin (2) - peu sensible semble-t-il au symbolisme des sculptures en question - se montre sévère sur ce jugement, même s'il se "hâte d'ajouter que ce modeste édifice ne manque pas d'intérêt......" M. Marboutin (3) au début du XX° siècle évite de porter un jugement, préférant apporter des précisions sur la distinction à faire entre l'église du prieuré de Saint Sardos en ruine et l'église Sainte Anne de Laurenque qui nous occupe.
                                     
    Ces prises de positions pousseraient par elles seules à entreprendre le déplacement pour se faire une idée personnelle sur l'église Sainte Anne.
     
    Après avoir dépassé le village de Gavaudun, blotti au pied de son château, et avoir emprunté la petite route qui serpente jusqu'en haut du plateau, l'église apparaît à moitié masquée par les murs du cimetière. Mais déjà séduisante par l'équilibre de sa nef de part et d'autre de son clocher médian et par la chaleur de ses pierres.
     
    Une fois arrivé, le portail surprend par la beauté de ses archivoltes [ Face verticale moulurée d'un arc.] et de ses chapiteaux de facture romane. Cette impression n'est pas démentie une fois la porte franchie : la voûte cintrée de la nef, la qualité de certains de ses chapiteaux, la diversité de ceux des arcatures dans l'abside ..... tout concourt à faire de cette église Sainte Anne de Laurenque un objet de visite riche d'enseignements sur le style roman local
                                                       
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    Témoignages du passé sur l'église
    Les témoignages du passé ne manquent pas, surtout à partir du XVII° siècle. La lecture de ces documents donne une idée de l'évolution de l'église depuis la fin des Guerres de Religions jusqu'à la Révolution. On y découvre l'état de délabrement au début du XVII° siècle, puis les améliorations apportées en cours de siècle et confortées pendant le XVIII° siècle.
                                      
    Le 1° juin 1601, l'évêque d'Agen Nicolas de Villars ouvre la série des descriptifs, à l'occasion de ses visites pastorales :"furent visitées les églises de St Sardos et de Laurenque. Celle de St Sardos a été toute découverte, sans aucun service, le prieuré qui appartient à Messieurs de Sarlat est tout ruiné....Celle de Laurenque est presque toute voûtée, le service se fait rarement, l'église sans porte, le cimetière fermé; il y a un autel bâti, deux chapelles qui ont la voûte presque toute ouverte. Il n'y a rien de ce qui serait nécessaire pour une paroisse".(4a)
                                       
    Le 4 décembre, 1616 l'archiprêtre de Villeréal est commis pour la visite de cette église signalée par les paroissiens du lieu comme étant à l'abandon. Il écrit dans son rapport : "les églises paroissiale et du prieuré sont en si piteux état qu'elles ne sont point fermées, toutes découvertes et qu'elles sont par ce moyen inhabitables pour y célébrer le service divin n'ayant que partie des murailles." (4b)
                                       
    Le 16 avril 1642, Mascaron évêque d'Agen précise lors de sa visite pastorale : "Ste Anne en est la patronne. L'église est champêtre, sur une éminence et il y a deux ou trois maisons à cent pas, une grande masure; elle est longue de vingt cannes, large de cinq, haute de dix. Le couvert est bon, bien voûté; non pavée, les grosses murailles sont bonnes, les fenêtres sont ouvertes, il y a une porte au bas fermant à clef, un clocher. Dans la nef du côté de l'épître, il y a une chapelle séparée par un arceau, ni voûtée, ni pavée; une fenêtre du côté de l'orient."(4c)
                                       
    En 1738,  Monseigneur de Chabannes la trouve "grande, bien voûtée et bien pavée....Les deux chapelles sont dédiées, celle de gauche à Notre Dame, l'autre à St Pierre."(4c)
                                       
    En 1770,  Monseigneur d'Usson de Bonnac note :"Sanctuaire en état, bien voûté, nef bien voûtée, mal carrelée. D'ailleurs  en état, à l'exception des degrés pour y entrer." (4c)
                                       
    Le 6 septembre 1790, en pleine Révolution :" Eglise de Laurenque, édifice et couvert en pierres en bon état, mais point de vitres, rendu au culte du service depuis six mois. Cette église est isolée, elle n'est susceptible d'être vendue ni louée."
     
     La lecture de ces textes confirme bien qu'il y eut deux églises à Gavaudun. L'une au Nord sert aujourd'hui encore à la paroisse; elle était connue sous le nom de Sainte Anne de Castelle, dépendant du diocèse d'Agen. L'autre au Sud n'est plus que ruines.; elle était l'église du prieuré de Saint Sardos [ Cette église du prieuré de Saint Sardos sera étudiée dans un article " Les églises disparues" ] qui dépendait de Sarlat. Ces mêmes textes démontrent que toutes deux ont eu à souffrir des Guerres de Religion au XVI° siècle, mais que seule l'église Sainte Anne fut réhabilitée. Au point qu'à partir de 1730 il n'est plus question dans les documents connus de l'église du prieuré. Dés cet instant l'église Sainte Anne est devenue le centre de la paroisse et du prieuré. 

    Ces mêmes textes démontrent que toutes deux ont eu à souffrir des Guerres de Religion au XVI° siècle, mais que seule l'église Sainte Anne fut réhabilitée. Au point qu'à partir de 1730 il n'est plus question dans les documents connus de l'église du prieuré. Dés cet instant l'église Sainte Anne est devenue le centre de la paroisse et du prieuré.

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    Extérieur : Typologie
               
    En abordant l'étude de l'église de Calviac S  la question d'une typologie extérieure des églises du canton a été soulevée et une grille établie ... Il est intéressant d'en poursuivre la réalisation en y incluant l'église de Laurenque.                                    
     Orientation     : Est \ Ouest.
     Abside            : Arrondie avec 3 contreforts.
     Chapelles       : 2 chapelles qui forment transept.
     Faîtage           : 3 niveaux avec abside, nef Est, nef Ouest
                                 Clocher médian par rapport à la nef
     Façade           : Fronton triangulaire
                                 Porche inexistant
                                  Porte romane avec sculptures sur ses archivoltes
     Cimetière       : côté Sud
     Presbytère     : à 100m. au Sud, dans le hameau
                
                                      

     

     

     

     
     

     

    Il est intéressant de noter que des nuances sensibles existent entre Calviac et Laurenque. Il faut donc admettre, dés maintenant, que la typologie envisagée sur l'ensemble du canton de Monflanquin ne sera pas uniforme.
                                       
    Tholin classe l'église de Laurenque dans un ensemble ayant en commun d'avoir un sanctuaire moins large que la nef  dont la première travée est surmontée d'une tour carrée servant de clocher. Groupe architectural où l'on trouve  : Viannet, Mourens, St.Loup, Esclotes et donc Laurenque.
                                        wpe12E.jpg (13853 octets)
     
     
    Ces églises ont des plans identiques, avec leur travée de la nef surmontée d'une tour. "Ce n'est pas une innovation de l'époque romane, car depuis le XV° siècle un certain nombre de sanctuaires étaient surmontés d'une tour lanterne; seulement l'usage des cloches, de plus en plus répandu, a fait modifier la destination primitive de la tour dont le rez de chaussée a été voûté." (2)
     
     
     
    Extérieur : Description
     
    L'abside originelle n'a pas de contreforts et les trois actuellement en place, au profil gothique, ont été construits au XIX° siècle seulement. Ce qui explique que Tholin ait comparé cette abside  à celles toutes proches de Montagnac (XII° siècle) et de St Avit (XIII° siècle) dépourvues également de contreforts.
                                                     
     
    wpe12F.jpg (18362 octets)La toiture de cette abside ronde, légèrement plus basse que celle de la nef, est supportée par une suite de modillons sur lesquels ont été sculptées des formes géométriques ou des êtes grimaçantes. Entre ces modillons sont creusés des trous ronds au centre de chaque pierre faisant office de métope; ce qui pourrait bien être une importation périgourdine (Marboutin)
                                                   
    Les deux fenêtres de l'abside sont étroites, allongées, cintrées et leur embrasures révèlent l'épaisseur du mur. Elles ont toutes les caractéristiques du style roman. Une troisième fenêtre existe du côté Nord, mais masquée et obturée par la sacristie.
                                                   
    Sur la façade Nord de l'abside a été greffée en effet une sacristie, appuyée sur la chapelle dont elle prolonge la pente du toit côté Est. Le relevé de 1909 n'en porte pas trace, ce qui atteste de sa récente construction malgré sa fenêtre identique à celle de la chapelle.
     
                                                   
    wpe130.jpg (16171 octets)La nef, légèrement plus large que l'abside, se partage en trois parties de même longueur. Elles ont été nettement distinctes dés l'origine; la qualité de la pierre, identique de bout en bout, témoignant de leur construction d'un seul jet entre la fin du XI° siècle et le tout début du XII° siècle.
                                                     
    Cependant un changement de matériau est à enregistrer tout au long de l'abside et de la première travée vers le haut : il faut y voir la réponse au problème technique qu'a dû poser le changement de toiture. En effet au départ l'utilisation de la lauze, courante dans le Périgord, a nécessité une pente raide, donc un mur de soutien le moins élevé possible pour que le faîtage soit réalisable. Dans un second temps l'utilisation de la tuile a impliqué une pente moindre, obtenue en surélevant le mur d'appui, dans la mesure où les constructeurs désiraient garder la même même ligne de faîtage.
                                                     
    - Sur la première travée, légèrement plus haute que l'abside, ont été adjointes deux chapelles de taille analogue qui donnent à l'église un plan de croix latine. La pierre utilisée pour construire ces deux chapelles est d'une qualité moindre que celle de la nef, comme il est fréquent dans les édifices religieux de la région, lors de rajouts plus tardifs. Tholin sévère déclare : "Une seule addition défigure l'église de Laurenque, on a voulu lui donner un transept!" (2)
                                                   
    - La seconde travée est surmontée d'une tour carrée, avec un toit à quatre versants. Cette tour, qui domine largement l'ensemble du bâtiment, abrite tout naturellement les cloches de l'église; ses quatre ouvertures cintrées, une sur chaque face, en souligne le rôle de clocher.
                                                   
    - La troisième travée est la plus basse de l'ensemble. On y retrouve d'ailleurs pas le parement supplémentaire vers le haut, comme dans l'abside et la première travée. Nous sommes là en présence de la hauteur initiale des murs de l'église de Laurenque. Ce qui ne veut pas dire de la hauteur du bâtiment : les vestiges de lauze, entre le mur et la toiture de tuiles, donnent une indication intéressante sur la pente nécessaire avec ce matériau et nous ramène à un faîtage aussi élevé que celui de la première travée, c'est à dire à la ligne de faîtage des origines. En un mot à la hauteur du bâtiment
                                                   
    wpe133.jpg (11508 octets)Au Sud, la tourelle d'escalier fait seule saillie. Le bas de cette tourelle ronde a été remanié et l'hypothèse de la condamnation d'une porte extérieure d'accès à l'escalier du clocher  peut être soutenue (Marboutin). D'ailleurs l'étage supérieur du clocher lui-même a été refait dans la mesure où il ne porte aucune trace de l'appui du faîtage d'origine de la troisième travée, plus haut que l'actuel.
                                                   
    Le prolongement du mur de façade produit, sur les angles de la nef , des contreforts peu saillants. On en trouve un autre de même épaisseur au bas de la seconde travée côté Nord.
                                                   
     
    Extérieur : le Portail
     
    wpe6F.jpg (23384 octets)Le portail de Laurenque est le plus ouvragé que l'on puisse trouver dans les églises Monflanquinoises. Il y a là l'illustration de ce que dit Focillon à propos de cet art : "L'art roman nous déconcerte de toutes parts dans la composition et le sentiment des images. Il abonde en monstres, en visions, en écritures abstraites. Il nous paraît d'abord bien plus ancien que l'âge dont il est pourtant l'expression fidèle et que l'architecture à laquelle il se conforme si étroitement" (6)
                                         
    Ce portail n'a pas de tympan; il est placé dans un massif de maçonnerie en avancement sur la façade occidentale, massif dont l'amortissement vers le haut correspond à une frise.
                                                     
    Deux colonnes sont placées de chaque côté dans les pieds-droits. Quatre bandeaux, dont trois en retraite, composent les archivoltes plein cintre: le premier bandeau sans aucun motif sculpté, le second orné de quadrupèdes et de poissons, le troisième d'entrelacs et de rinceaux, le dernier juste au dessus de la porte étant vierge de toute sculpture. Ce portail offre sur les six chapiteaux qui surmontent ses colonnes et ses pieds-droits une ornementation inspirée, comme celle des chapiteaux de l'intérieur, par les principales scènes de l'Ancien Testament. (7)
     
    Les Chapiteaux des deux premiers pilastres  soutenant de part et d'autre le premier bandeau vers l'extérieur, sont ornés de deux lions d'une facture vigoureuse. Deux serpents  accompagnent ces lions : *le serpent de droite [Cette version de Barrère se voit opposer aujourd'hui celle du lion qui tient dans ses griffes le serpent, image du Christ vainqueur du serpent tentateur ( notes dans l'église) ] occupe seul la face latérale du chapiteau, **le serpent de gauche est étreint par un personnage qui lui fait avaler un fruit comme pour se venger de la malédiction qui vient de peser sur sa tête. [De la même façon est avancée actuellement la version d'un serpent qui poursuit une femme portant un nouveau né dans les bras, transposition de la femme poursuivie par le dragon dans le chapitre 12 de l'Apocalypse. Le problème pour nous réside dans l'état actuel défectueux de ces sculptures, qui pousserait à   préférer les relevés effectués par Barrère il y a plus de cent ans  quand les chapiteaux étaient moins abîmés. ]
     
    wpe79.jpg (26905 octets)
    Les chapiteaux de la seconde archi-volte n'ont pas la même unité..... Le chapiteau de droite a  trois personnages : celui du milieu est couché par terre et tient une pomme dans chaque main; le second a ses deux bras collés verticalement sur sa poitrine; le troisième fait un geste vers les autres, ce qui donne une cohésion à l'ensemble...... Le chapiteau de gauche semble avoir des oiseaux stylisés, si l'on en juge par le plumage et les serres.
                                       
    Les chapiteaux de la troisième archivolte opèrent la même opposition entre l'univers animalier et le monde humain...... A droite Barrère annonce "trois personnages fort mutilés; deux seulement conservent encore des armures dignes de remarque. Le premier est appuyé sur un long poignard de silex, tel qu'on en trouve dans les tumulus, l'autre porte aussi dans sa main une longue épée dont la garde est formée d'une simple croix".....A gauche ce qui pourrait bien être un dragon avec ses pattes, sa queue et sa tête retournée.
                                       
    "Le mystère" qui se déroule là complète le symbolisme des cintres et plus précisément de la seconde archivolte, la troisième étant ornée d'entrelacs et de rinceaux. Sur la gauche une série de licornes, selon Barrère, tout en haut le démon enfin toute une série de poissons. L'interprétation donnée serait celle du démon, un instant vainqueur puis vaincu à son tour et précipité dans l'abîme; tout ce drame serait développé sous les figures emblématiques qui circulent autour du second cintre.(1)
                                      
    Barrère écrit à ce propos : "La premiére de ces figures est une licorne renversée,wpe77.jpg (23116 octets) expirante. Mais plus haut, elle se dresse, elle se multiplie et s'élance à la poursuite du démon, qui paraît sous une forme horrible. Des poissons viennent se mêler à la lutte et partager le combat et à l'autre extrémité du cintre la lutte est finie: le démon est abattu, terrassé par le vaiqueur qui le dévore.......Ce combat emblématique est une scène biblique annoncée par les prophètes qui le plus souvent voit en la licorne le symbole de la puissance divine et dans le poisson l'expression  en grec I.C.T.U.S. (Insous Kristos Theou Uios Sotes) du mot Jésus-Christ"
                                       
    Ce symbolisme, quelque soit l'interprétation donnée hier et aujourd'hui, s'ins-crit dans la même vision d'un passage du monde profane au monde sacré. Il rappelle la dimension que les contemporains de la construction de Laurenque accordaient à ce qui était plus que de simples sculptures.
                                       
     *        *
    *
     
    Intérieur : vue d'ensemble
                                 
     L'église de Laurenque actuelle, avec son transept, se présente sous la forme d'une croix latine; mais les chapelles formant croisillons sont postérieures à la construction de la nef.
                                                  
    La nef a trois travées carrées pratiquement de même dimension. La première prés du choeur et la troisième vers la porte sont voûtées en berceau plein cintre; la seconde travée au milieu est ouverte sur une coupole elliptique sur pendentifs. L'abside est voûtée en cul de four.
     
                - Plan d'ensemble :
        

    wpe83.jpg (6851 octets)

     
     Longueur
       largeur
       hauteur
     Abside
    5m30
    5m20
        7m50 
     1°travée
        6m20 
        5m70 
        7m65 
     2°travée   
        5m70 
        6m15 
      11m10 

    3°travée

    5m70 
    5m50      

    7m65

     
                                                   
    Si l'on considère le rajout postérieur des chapelles, le plan primitif de cette église est différent de celui qui existe aujourd'hui. Il y avait à l'origine une nef unique, divisée en travées quarrées par de très robustes piliers engagés dans les murs latéraux et recouverte d'une coupole sur pendentif . Cette description la rapproche de l'école Périgourdine.(2)
               
    Intérieur : l'abside
     
    L'abside est couverte d'une voûte en cul de four plein cintre. Un bandeau chanfreiné circule autour, à hauteur des impostes de l'arc triomphal.... ce bandeau se prolonge sur les côtés de la première travée.
                                       
    Neuf arcades extradossées, soutenues par des colonnes élevées sur un stylobate aux angles arrondis en tore [moulure pleine et épaisse de profil arrondi; sur la base d'une colonne. ], décorent l'abside. Cette arcature encadre trois fenêtres très ébrasées à l'intérieur, très étroites à l'extérieur et dont le cintre est creusé dans une seule pierre; celle de gauche, agrandie et refaite, a été fermée ensuite par la sacristie attenante.
     
    Les chapiteaux sont d'une facture simple. Les visages sont grossièrement représentés, les habits sont raides, sans plis ou à peine esquissés. Les entrelacs, les grosses feuilles sont mieux traités. Observons ces chapiteaux  et les bases des colonnes en allant du côté Nord au côté Sud (2) :
     
                 1- Tailloir [couronnement mouluré de certains chapiteaux.] en biseau sans décoration..... Et base                     
    avec un tore supérieur en tresse.
     
                 2- Deux personnages accroupis sur les angles semblent soutenir le tailloir de leurs bras levés.... A la base il faut remarquer deux griffes : l'une représente un pied, l'autre une pomme de pin.
     
                 3- Deux personnages : celui de droite tient de la main gauche le bras droit de l'autre. Celui ci tient un fruit de la main droite, une feuille de la gauche. Reprise du thème de Adam chassé du Paradis, déjà évoqué au troisième chapiteau ?....Le tailloir est couvert de rinceaux sculptés en méplat..... Entre les deux tores de la base, un bandeau est chargé des mêmes ornements que le tailloir. Griffes en boule.
     
                 4- Grosses feuilles, tailloir à moitié couvert d'un damier.
       
                 5- Deux oiseaux, l'un tient dans son bec un rameau, l'autre un fruit .... La scotie [gorge à profil semi ovale séparant deux tores; sur la base d'une colonne] de la base ornée de pointes de diamants comme dans l'ancienne église paroissiale du Laussou.
                          
                 6- Deux personnages dont l'un au corps horizontal tient un couteau dans chaque main.
     
                7- Deux rangs de feuilles
     
                 8- Sur son coin droit, un serpent se dresse jusqu'à la tête d'un personnage qui se ferme l'oreille de la main gauche tandis que de l'autre il tend un fruit à un autre individu à demi renversé. Un troisième personnage placé à l'angle gauche, à demi renversé vers celui du milieu, le prend d'une main par le bras et tient à l'autre main un fruit rond. Faut-il y voir Adam et Eve succombant à la tentation du serpent et punis immédiatement par l'ange qui les chasse ? ..... La base est chargée de pointes de diamant.
     
                9- Grosses feuilles.... Les deux tores de la base sont tordus en câble.   
           
               10- Chapiteau simplement épannelé. L'astragale  [moulure située à la jonction du chapiteau et du fût de la colonne ] simule une corde                      
     
    Intérieur : la première travée
     
    - L'arc triomphal [sépare l'abside de la première travée]
     
    est composé d'une double voussure : la première a ses angles en biseau et la seconde ses angles arrondis en tores. Cette double voussure prend appui sur des colonnes adossées à des piliers à double retraite du côté de la nef.    
                                             
    - Les chapiteaux
     
    Le chapiteau de la colonne côté Nord, c'est à dire à droite en regardant depuis l'abside vers le portail occidental, est orné de grosses feuilles, les volutes sont remplacées par des têtes d'animaux; le tailloir est simple, sans aucune sculpture.
                                                                                                        
    Le chapiteau de la colonne côté Sud, à gauche, est orné lui d'un  personnage de la face centrale encadré d'animaux représente Daniel dans la fosse aux lions.                                                
    On descend du chœur vers la nef par une marche qui rappelle la prééminence du sanctuaire en ce lieu.
     
    - Un berceau plein cintre
     
    recouvre la première travée. Marboutin fait remarquer l'existence des premiers l'amorce d'arcs formerets [Arc latéral d'une voûte, parallèle à l'axe général de cette voûte.] sur l'imposte des piliers de l'arc triomphal et du côté de la nef . Partant de cette constatation il est possible d'avancer l'hypothèse d'une église initiale où l'intention de l'architecte était de surmonter la première travée d'une coupole. (2)

    En effet , selon Marboutin, les formerets sont les témoins d' une intention de ce genre. Aussi,"quand la voûte en berceau fut bandée sur cette travée, le *doubleau de l'arc triomphal étant trop bas, il fallut combler l'espace existant entre l'extrados [ Face extérieure d'une voûte.] de la voussure [montée d'un arc, d'une voûte.] supérieure et la nouvelle voûte dont la hauteur était indiquée par le doubleau suivant. On fit le raccordement par une maçonnerie de remplissage sans soin....Peut être au XVII° siècle."

    Quoiqu'il en soit les murs de cette travée ont été ouverts au XV° siècle par un large arceau en tiers point, orné de moulures prismatiques au goût du temps, donnant accès de part et d'autre à des chapelles.
     
    - chapelles carrées.
     
    La chapelle Sud est couverte  d'une voûte en étoile; dont les moulures se perdent dans les colonnes qui sont placées aux angles. Elle est conforme au style de la période de sa construction.
     
    La chapelle Nord par contre est voûtée d'un berceau, au point que Tholin l'a datée du XIII° siècle. Mais on peut encore voir les colonnes et la naissance des nervures dans les angles de la chapelle; rappelant celles qui se trouvent dans l'autre chapelle. Il est donc normal de conclure que cette chapelle Nord a dans un premier temps ressemblé à la chapelle Sud.
     
    Marboutin prend appui sur la requête adressée en 1730 par un curé de Laurenque à l'évêque d'Agen : "une chapelle détruite... du côté de l'évangile" c'est à dire du côté Nord. A partir de là il faut admettre avec lui que ce ne peut être qu'après cette date que la voûte en berceau fut bâtie. D'autant plus qu'en 1738 Mg de Chabannes, parlant de cette chapelle, dit qu'il n'y manque qu'un tableau.
                                                   
    Intérieur : la seconde travée
                                                  
    La deuxième travée, celle du milieu, interrompe la voûte cintrée de l'ensemble de la nef  pour laisser place à un ovale ouvert sur une coupole. Cette travée est délimitée par deux arcs doubleaux à double rouleau reposant sur les demi-colonnes adossées aux piliers.
     
    "A quelques centimètres des piliers qui séparent la deuxième travée de la première, Marboutin signale un décrochement d'appareil de chaque côté de la nef, visible au-dedans et au dehors de haut en bas du mur. Il y a là une reprise, puisque les assises des parements ne correspondent plus. La différence des sculptures de chaque côté est très caractéristique à cet égard." (2)
                                       
    Sur ces colonnes, entre la première et la deuxième travée, les chapiteaux sont ornés de dessins géométriques, de grosses feuilles; les volutes sont peu saillantes.
     
    Les chapiteaux des colonnes, entre la deuxième et la troisième travée, sont mieux traités : ".l'un d'eux surtout, sur le côté Nord, est si profondément fouillé que la sculpture représentant un gros oiseau et des serpents entrelacés semble se détacher de la corbeille. Les tailloirs de ces dernières sont ornés de damiers et de rinceaux, tandis que les autres sont simplement taillés en biseau.
     
    Les bases, élevées sur un stylobate [soubassement portant une colonne. ]aux angles arrondis, se composent de deux tores séparés par une gorge."
     
    "Les piliers robustes reçoivent la retombée des doubleaux et formerets qui encadrent les pendentifs [ chacun des triangles sphériques concaves ménagés entre les grands arcs supportant une  coupole et qui permettent de passer du plan carré au plan circulaire.] appareillés en segments de coupole."
     
    La coupole elliptique a son amorce marquée par un bandeau *chanfreiné [surface obtenue en abattant l'arête d'une pierre] au dessus des pendentifs. Ce tracé est assez rare en Agenais et seules celles des absidioles de Monsempron affectent la même forme.
     
    Deux fenêtres, étroites et dont le cintre est découpé dans une même pierre, éclairent faiblement cette partie de la nef.            
                           
     
    Intérieur : la troisième travée
     
    La troisième travée, voûtée en berceau plein cintre, est éclairée par deux fenêtres très ébrasées à l'intérieur et très étroites à l'extérieur, au cintre creusé dans une seule pierre; elles sont percées en hauteur.
     
    Le maigre éclairage de ces fenêtres de type roman, associé à celui que livre la porte occidentale, permet de mieux distinguer le sol de l'église avec son allée centrale de dalles blanches, érodées par les passages, et les larges carreaux rouges posés de part et d'autre. Une technique assez fréquente dans les églises environnantes.
     
    L'allée mène  à un escalier de quatre marches dont l'amorce se fait entre deux colonnes qui soutiennent l'arcature du balcon interne. Ces colonnes, tout comme celles dans leur alignement greffées aux murs de la nef, ont des chapiteaux très sobres. Leur facture et la qualité de la pierre tranchent avec le reste de l'abside au point d'y voir un rajout assez récent.
     
    Par cet escalier on accède à un seuil qui annonce la sortie par la porte occidentale.
     
    Sur le mur Sud, du "côté de l'Epître" selon la formule classique, s'ouvre une seconde porte, étroite celle là, qui donne accès à l'escalier conduisant au clocher. Discrète dans la pénombre cette porte du clocher passe presque inaperçue.

     L'appréciation de Marboutin se comprend mieux si les colonnes qui délimitent le seuil sont récentes. Son opposition entre les différentes parties de l'église est plus conforme à ce qui lui était donné d'observer : "Les sculptures du chœur et des premières colonnes de la nef ont une différence sensible avec celles du reste de l'église : au chœur, les tailloirs sont presque tous  simplement taillés en biseau, deux seulement sont ornés de damiers et un sel offre des rinceaux traités en gravure. Par ailleurs les habits sont grossièrement représentés et sans plis. Le ciseau est frustre..... A partir des colonnes du fond de la nef, le parti pris de couvrir les tailloirs d'ornements, damiers, rinceaux ou palmettes est évident. Les sculptures sont fouillées profondément et se détachent en lignes vigoureuses sur le fond de la corbeille. Les scènes sont mouvementées, les habits au portail ont des plis bien drapés et finement dessinés. Le ciseau est habile....."

    Il faut donc distinguer deux périodes dans la construction de l'église de Laurenque. Si le chœur et la première travée sont de la fin du XI° siècle, le reste de la nef et le portail sont du début du XII° siècle.
     
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    L'impression première que l'on peut ressentir en abordant l'église de Laurenque se confirme après une visite attentive des lieux : c'est une belle église du patrimoine monflanquinois. Elle l'est par l'équilibre trouvé entre les différentes parties : que ce soient les travées, le clocher médian, l'abside elle-même.
     
    Au demeurant, elle est un exemple intéressant de l'art roman de l'Age-nais. On peut même s'informer sur les nuances dues à l'évolution de cet art : le choeur et la première travée d'une part appartenant au XI° siècle finissant, la deuxième et la troisième travée d'autre part au XII° siècle commençant. Sans oublier l'influence périgourdine à laquelle fait penser sa coupole.
                                                   
    L'adjonction des chapelles, au XV° siècle, rappelle que les architectes préféraient l'art de leur temps à une quelconque restauration dans le respect du bâtiment d'origine. Les chapelles sont bâties au XV° elles sont donc au goût du jour à savoir en gothique. La chapelle Nord a gardé son aspect d'origine avec ses arcs d'ogive; la chapelle Sud a été retouché au XVIII° siècle, avec une voûte qui copie ce que l'on faisait au XIII° siècle.
                                                   
    Enfin les retouches plus récentes que sont les arcs encadrant l'escalier, la sacristie sur le côté Nord, les toitures en tuiles, l'escalier du clocher, doivent être connues.
                                                   
                                                     
    En effet c'est en gommant par la pensée ces retouches tardives et l'adjonction des chapelles du XV° siècle que l'on a la possibilité de  retrouver les lignes générales de l'église Sainte Anne de Laurenque, église romane des XI° et XII° siècles.
     
                                                                                 ODO   Georges       
                                                                                                 SLA 1995  n° 362/363

                            Bibliographie

    - Focillon H. : "Moyen Age, Roman et Gothique"- Colin 1938

    - Caumières M. : "La vallée de Gavaudun"- Monflanquin 1973

    - Tholin G. : "Etudes sur l'architecture religieuse de l'Agenais" 

    - Barrère :"Histoire religieuse et monumentale du diocèse d'Agen"

    - Marboutin J.R. : "Les églises de Laurenque"- Revue de l'Agenais 1909

    - Koch W. : "Les styles en architecture"- Solar 1976

    - Archives départementales d'Agen, fonds de l'évêché"

    - Notes exposées dans l'église de Laurenque ( Septembre 1995)

    - Notice sur le diocèse par l'abbé Durengue  @@

    Sites complémentaires

    @ Eglises du Haut Agenais

    @ Eglise de Laurenque : architecture et sculpture