Il y a 750 ans .... Monflanquin

Alphonse de Poitiers Bastides du haut agenais

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Charte de Monflanquin

     
Chronique dans "Sous les Arcades"

 

Mars 2006  n° 484

1256 …  2006

750°  anniversaire de la Bastide

Les Remparts et la bastide 

 

En 1252, Guillaume Amanieu - Seigneur de Calviac - cède à Alphonse de Poitiers Comte de la Montagne de Monflanquin. En juin 1256, le Sénéchal d'Agenais délivre une charte de coutumes à la ville de Monflanquin qu’Alphonse de Poitiers signe à Vincennes.  

En 1282, durant l'été, un grave désaccord s'élève entre les habitants de la ville et ceux du détroit c'est-à-dire extra-muros. Les premiers affirment que les seconds doivent participer à la construction des remparts et ces derniers, pour s'y soustraire, se fondent sur le fait qu'ils ne bénéficient pas des coutumes et privilèges de la ville.

Jean de Grailly, alors Sénéchal du Roi d'Angleterre, ménage un compromis : les mille sept cent soixante dix feux du détroit mais hors la ville - devenue anglaise après la disparition d'Alphonse de Poitiers - payeront mille livres arnaudines et seront quittes de la construction des remparts, tout en conservant les mêmes privilèges que les habitants de la Bastide. Les murs seront l'œuvre des Consuls, tandis que les portes fortifiées seront du ressort d'Édouard Ier représenté par Jean de Grailly

A noter qu'entre l'acte de cession et la construction des remparts une génération a vécu.  

En fait le traité de Meaux, en 1229 sous  le règne de Louis IX, interdit la construction de remparts dans le domaine dépendant des Capétiens. Cette disposition devient caduque pour l’Agenais quand, en 1279, la région passe sous l’autorité des Plantagenets.

 Pendant la Guerre de Cent Ans, de 1336 à 1453, sur le plan Agenais, les grandes entreprises guerrières sort rares. La plupart du temps, ce sort de petites expéditions qui se succèdent et s'enchevêtrent... .  Dans cet imbroglio, les remparts permettent à Monflanquin de se préserver des exactions des uns et des autres : ainsi, en 1425, quand le capitaine André de Ribes - au service du Comte d'Armagnac - traverse l'Agenais, après avoir ravagé le Quercy et y laisse ses traces sanglantes  

Après la guerre de Cent Ans s'ouvre une longue période où les grandes confrontations se déplacent vers d'autres cieux.  

Pendant les guerres de Religion, Monflanquin va redécouvrir pour un temps l'importance de la fonction militaire.

 

1598 marque l'apogée de la fonction militaire quand la bastide de Monflanquin est reconnue par les dispositions de l'Édit de Nantes en tant que place de sûreté des protestants, avec une garnison permanente de dix-huit hommes.

 

Sa qualité de place de sûreté vaut à Monflanquin d'être impliqué, encore en 1621, dans le conflit qui oppose les Protestants à Louis XIII.  

Lorsqu'en juin 1622 le marquis de Théobon restitue la bastide de Monflanquin, ses murailles sont condamnées par décision prise, dès le 21 décembre 1621, à l'encontre de l'ensemble des places de Guyenne. Mesure qui devient exécutoire par ordonnance royale rendue le Ier juin 1622 à Agen. En fait, le démantèlement a du s'effectuer sur plusieurs mois, sinon plusieurs années. Mais dès 1628 - l'année de soulèvement protestant et du siège de la Rochelle - les fortifications sont rendues inopérantes sur le plan militaire. 

Les pierres une fois dispersées ont servi à construire bien des bâtiments... par exemple le Temple de Monflanquin, en 1673, où "le 20 Juin, le mardi soir, comme quantité d'habitants travaillaient à ramener des pierres aux anciennes murailles de la Tour pour employer la pierre à la bâtisse du temple..." 

Il est évident que la conséquence la plus notoire du démantèlement, opéré au XVII° siècle, est la disparition de la fonction militaire à Monflanquin, fonction importante de 1282 à 1622, pendant plus de trois siècles. 

La longue marche vers un pouvoir monarchique renforcé aux dépens des libertés locales franchit une étape de façon presque symbolique, en 1628, quand s'affaissent les premiers pans de murailles protégeant la bastide jusque là.

Odo Georges