1256 … 2006
750° anniversaire de
la Bastide
La bastide de Monflanquin
et les cathares
En 1200, quand s'ouvre le XIII' siècle, Monflanquin n'existe pas,
et les idées cathares circulent abondamment dans le
comté de Toulouse, si attentif à se préserver des
ambitions de l'Aragon mais aussi des deux puissances du
Nord que symbolisent les Plantagenets et les Capétiens.
Le Haut Agenais, plus précisément, dépend à la fois de deux
diocèses d'Agen, l'un catholique et l'autre cathare.
C’est dans ce contexte religieux conflictuel que, dès 1165, Jean d'Assida évêque de Périgueux, se décide à
attaquer la position forte de Gavaudun, pour éliminer
les manichéens, ces « bandits ».
Plus tard - en 1212 pendant la « guerre
des Albigeois » - Simon de Montfort
remonte jusqu’au château de
Biron dont il s’empare. Tout comme au début du
mois d'août, après cinquante jours de siège, la place
forte de Penne. Déjà en difficulté devant Penne il
n'assiége pas Pujols.
Par contre, en 28 juin 1214, renforcé par
le vicomte de Turenne, il assiège Casseneuil où se sont
rassemblés les seigneurs locaux séditieux. A la mi-août,
la place est prise, pillée et rasée.
C’est dans cette conjoncture d’affrontements – situation prolongée
dans le temps - que l’église Saint André (aujourd’hui
disparue) au bas du pech « Mons Flanquinus », assure la
permanence du catholicisme.
Quand Monflanquin est créée, en 1252, l'Eglise catholique est
triomphante aux côtés des Capétiens représentés par le
nouveau comte de Toulouse, Alphonse de Poitiers
Cependant, si le problème cathare n’est plus dominant il subsiste.
En effet, encore en 1249, c'est à dire cinq ans après la
chute de Montségur, 80 croyants cathares sont brûlés à
Agen sur l'ordre du comte de Toulouse Raymond VII, qui
subit la pression des capétiens et du pape.
Avec Alphonse de Poitiers, son successeur, se présente un comte de
Toulouse motivé par son alliance avec l’église. Et
certainement motivé aussi par le fait qu’une intense
activité anti-hérétique pourrait lui valoir - de par les
confiscations des biens - des rentrées financières
importantes.
Quoiqu’il en soit, en 1254, Alphonse de Poitiers insiste auprès du
pape
pour que la répression soit plus vive. Aussitôt,
dominicains et franciscains sont invités par Rome à
durcir l’inquisition.
L’article 13
de la charte
de Monflanquin, en 1256, s’inscrit dans cette
perspective de rejet et d’éradication du catharisme dans
la région, en précisant que les consuls de la bastide ne
peuvent être que catholiques.
De même, les
consuls de la dite ville seront renouvelés chaque année,
le jour de la fête de l’Assomption. Nous, ou notre
bayle, devrons ce jour-là : élire et installer six
consuls catholiques
choisis parmi les habitants de la dite ville que nous
jugerons et estimerons être les plus honnêtes et les pus
utiles aux intérêts de la communauté et aux nôtres.
Cette
disposition « juridique » anti cathare ne peut être
ignorée si l’on veut appréhender le contexte religieux
et politique dans lequel la bastide de Monflanquin a vu
le jour. Mais il serait hors de propos d’affirmer que
cette bastide, comme d’autres d’ailleurs, ont été
voulues et mises en place pour combattre le catharisme.
Au total, l’existence du
catharisme est une réalité contemporaine dont Alphonse
de Poitiers et l’Eglise se préoccupent, mais ce n’est
pas ce problème qui a déterminé la création des
bastides.
Odo Georges