1256 … 2006
750°
anniversaire de la Bastide
Charte de Monflanquin en 1256
De retour des
croisades Alphonse de Poitiers obtient, en 1252, cession
de la « montagne » de Monflanquin et décide d’y
installer une bastide. Ce qui est effectif dès le mois
de Juin 1256 par la signature d’une charte, accordée la
fois à Monflanquin et Monclar :
Ce texte annonce « Alphonse
à vous tous qui lisez ces lettres, salut. Sachez que,
aux habitants de notre bastide de Monflanquin dans le
diocèse d’Agen, nous accordons les libertés et coutumes
ci-dessous énoncées »
Il se termine par
la mention suivante :
Ces libertés et
coutumes, avec tous et chacun de leurs articles
ci-dessus, sont approuvés par nous, autant que le droit
nous le permet. En perpétuel témoignage de quoi nous
ordonnons d’apposer notre scel sur les présentes. Fait à
Vincennes, l’an du Seigneur 1256, mois de Juin.
En fait, cette charte
- signée à Vincennes par Guillaume de Bagnols, Sénéchal
d’Alphonse de Poitiers pour l'Aquitaine - comporte 37
Articles dont l'ordre n'est pas rigoureusement logique,
comme s'il résultait d'une série de compromis. Cependant
se détachent 4 grands thèmes :
les libertés politiques,
les libertés civiles,
les préoccupations économiques,
les dispositions du droit pénal,
Les libertés
« politiques »,
sont abordées précisant qu’elles excluent les non
catholiques, en fait les cathares. Allant plus loin le
Comte ouvre la voie à l'auto-administration locale ….
Sont surtout concernés les bourgeois propriétaires.
Ainsi une brèche est
ouverte dans le système féodal,
Les libertés
civiles,
dans le contexte féodal du moment, laissent une
impression de Charte plutôt libérale. En effet la
liberté des personnes est garantie dans une certaine
mesure.
L'aspect économique
enfin n'est pas des moindres. Il est intéressant de
noter que l’article 34 stipule que le marché devra se
tenir le jeudi ….. et l’article 35 que les foires se
tiendront dans la dite ville aux jours assignés. …. Ces
dispositions expliquent, de nos jours, le marché fixé le
jeudi et la foire de la Saint-André le 1er lundi de
décembre.
Les
dispositions de droit pénal
confirment d'ailleurs cette préoccupation économique.
Les sanctions des actes coupables sont avant tout des
amendes : que ce soient des injures, des fraudes,
l'adultère, des menaces, un vol d'objet, un vol dans les
champs, les dégâts occasionnés par un animal ou enfin
l'usage de faux poids et de fausses mesures.
Il est
intéressant d'insister sur l'influence qu'a exercée la
Charte de Monflanquin dans le Haut Agenais pour bien
comprendre qu'elle résulte non pas d'un accident mais
bien plutôt d'une conception politique d’ensemble. Il
est également intéressant de souligner le rôle croissant
de l'argent que révèle l'importance donnée aux amendes,
aux « taxes ». Le XIII° est le siècle où l'argent
apporte un élément nouveau dans les rapports sociaux.
Enfin, l’un des intérêts majeurs de la Charte de
Monflanquin est d'être, avec celle de Monclar, la
première d'une série de 12 Actes, de même formulation,
signés entre 1256 et 1270 sur l'ensemble de l'Agenais.
La Charte des Coutumes - contrat
volontairement attractif pour intéresser les populations
environnantes et peupler la Bastide - va rester pendant
tout l'Ancien Régime la référence de la communauté
monflanquinoise. Car cette Charte des coutumes sera
renouvelée, dans le temps, par les souverains
successifs, avec des aménagements qui renforceront plus
ou moins insidieusement le pouvoir central. Mais
l’espace entrouvert à la bourgeoisie locale subsistera
jusqu’à la Révolution
de 1789.
Odo Georges